Par ces temps de confinements, je vous suggère de parler lecture parce qu’un projet de broderie commence d’abord par la recherche d’informations fiables sur la technique que l’on veut utiliser.
Nous allons faire un petit tour dans un monde qui brille, celui de la broderie or.
Pourquoi cette envie : parce que le musée de Cluny à Paris a organisé une belle exposition sur la broderie médiévale où la broderie or y était superbement mise en valeur. Avec le groupe de broderie de la Philomathique, nous avons eu la chance d’aller la voir et cela restera une superbe journée de brodeuses. Imaginez-vous huit nanas dans le TGV, au resto et au musée ; une journée entière pour échanger, oublier la routine quotidienne, partager autour de la broderie et tant d’autres choses. C’est aussi ça les cours de broderie à la Philomathique de Bordeaux.
Revenons à la broderie or. Il s’agit d’une broderie extrêmement ancienne développée chez nous au Moyen-Age par l’église puis par les rois. On parle, pour cette époque, de la technique de l' »or nué« . En français plus moderne, je dirais « nuancé » puisqu’il s’agit de coucher un gros fil d’or et de le maintenir à l’aide de points de Boulogne de différentes couleurs, ce qui permet de nuancer la couleur dominante et de créer des motifs. Il est souvent fait référence à l’Opus Anglicanum puisque l’Angleterre a longtemps dominé le sujet.
En France, de nos jours, ROCHEFORT reste l’un des principaux pôles de broderie or. Son histoire a commencé en 1666 lorsque Colbert, ministre de Louis XIV, fonde les manufactures royales : on y fabrique de la porcelaine, on confectionne des soieries ou des dentelles et on brode au fil d’or les uniformes de la Marine, les drapeaux et les fanions. Dans la ville-arsenal, ce sont d’abord les militaires qui manient, entre deux campagnes, la cannetille, un fil de métal verni avec de l’or ou de l’argent par électrolyse. Rochefort devient le berceau historique de cette technique.
Bien évidemment, la révolution française de 1789 sonne le glas du luxe et l’or est banni. Le faste de la cour sera rétabli sous Napoléon Ier au début du XIXème siècle. Il impose la broderie or sur les costumes officiels de cérémonie et de fonction. Les motifs évoluent, apparaissent les abeilles, les feuilles de chêne, d’olivier, les motifs géométriques en forme de dents.
Cocorico oblige, je vais commencer par vous présenter le livre de référence de la broderie or de ROCHEFORT, éditions Carpentier, de S CHATEAU, MH CESAR et M FOURISCOT.
Il aborde entre autre la pose de la cannetille, ce petit ressort que l’on coupe à la longueur voulue et que l’on enfile comme une perle pour la fixer au tissu, la pose du jaseron, ce gros ressort que l’on fixe au point de Boulogne, la pose des paillettes, ces petits ronds avec un trou au milieu et bien évidemment la couchure au point de Boulogne.
Les motifs présentés dans ce livre sont vendus sous forme de kits par l’atelier du Bégonia d’or à Rochefort. En pratique, j’ai testé le motif présenté sur la couverture du livre et voici ce que cela donne.
Une fois de plus, cette technique demande de la minutie car la cannetille est extrêmement fragile à manipuler et il n’est pas toujours facile de gérer les remplis au point de Boulogne. Pour autant, j’ai trouvé la broderie or agréable à travailler. Qui plus est, cette technique et ces matériaux peuvent donner un très bon rendu en les mélangeant à d’autres techniques.
A garder présent à l’esprit quand vous avez besoin de donner du RELIEF et bien sûr du BRILLANT !